19 May 2018 10:36
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Coach sportif lyon , un marqueur majeur de la jeunesse
parJean-Pierre Augustin
Professeur de g�ographie et d�am�nagement � l�universit� Bordeaux-Montaigne, ADESS/CNRS.
Th�mes de recherche : le sport, la culture et le tourisme.
A notamment publi�
Augustin J.-P., Le sport et ses m�tiers. Nouvelles pratiques et enjeux d�une professionnalisation, La D�couverte, Paris, 2003.
Augustin J.- Programme musculation , G�ographie du sport : spatialit�s contemporaines et mondialisation, Armand Colin, coll. � U �, Paris, 2007.
Augustin J.-P., Lefebvre S., Roult R. (dir.), Les nouvelles territorialit�s du sport dans la ville, Presses de l�universit� du Qu�bec, Qu�bec (Canada), 2013.
Jean-Pierre.Augustin.at.msha.fr
etJulien Fuchs
Ma�tre de conf�rences en STAPS, universit� de Bretagne occidentale (Brest).
Th�mes de recherche : les mouvements de jeunes ; les pratiques corporelles dans leurs liens avec les identit�s locales.
A notamment publi�
Fuchs J., Toujours pr�ts. Scoutismes et mouvements de jeunesse en Alsace, 1918-1970, La Nu�e bleue, Strasbourg, 2007.
Fuchs J., � Concurrences et ententes au sein des mouvements de jeunesse. Le cas alsacien (1918-1960) �, Vingti�me si�cle. Revue d�histoire, no 119, 2013/3, pp. 113-126.
Fuchs J., Vilbrod A., Autret E. (dir.), Enseignant d�EPS : un m�tier en mutation, Editions EPS/AFRAPS, coll. � Recherche et formation �, Paris, 2013.
julien.fuchs.at.univ-brest.fr
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Agora d�bats/jeunesses
2014/3 (N� 68)
Pages : 174
Affiliation : Revue pr�c�demment �dit�e par L'Harmattan
Num�ros ant�rieurs disponibles sur www.persee.fr
ISBN : 9782724633436
DOI : 10.3917/agora.068.0061
Editeur : Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.)
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Les enqu�tes l�affirment avec une belle constance depuis cinquante ans, en France les jeunes sont la classe d��ge la plus sportive : aujourd�hui, pr�s de 80 % d�entre eux disent pratiquer une activit� sportive, m�me si les rythmes et l�intensit� de celle-ci sont variables. La pratique sportive s�impose ainsi comme un marqueur de la jeunesse, malgr� un d�crochage r�el des affiliations qui se produit � l�adolescence. Cette pratique se caract�rise toutefois par une forte pluralit�, que refl�te la difficult� � proposer une d�finition consensuelle du ph�nom�ne. Entre sport de comp�tition et loisir sportif, sport encadr� et pratique libre, peu de points communs a priori. Et pourtant, il existe une convergence pour les jeunes pratiquants, sous-tendue par l�exercice physique, celle de l�exp�rience corporelle v�cue par l�individu, de sa signification et de ses implications sociales. L�activit� sportive, loin d��tre seulement une pratique, est bien en effet le creuset d�une socialisation, l�expression de mani�res d��tre au monde, le lieu d�une construction de repr�sentations et de valeurs. En d�autres termes, nous retiendrons que la pratique sportive r�v�le d�abord des � cultures sportives � juv�niles plurielles.
La pluralit� des cultures sportives des jeunes
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Les m�dias rappellent p�riodiquement les sp�cificit�s de la jeunesse et insistent sur de pr�tendues �volutions en sur�valuant parfois les pratiques jeunes en dehors des cadres institutionnalis�s et en gommant la diversit� des appartenances, des affiliations et des lieux d�activit�s.
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Les statistiques du minist�re charg� de la jeunesse et des sports et les enqu�tes successives de l�Institut national de la statistique et des �tudes �conomiques (INSEE), de l�Institut national du sport, de l�expertise et de la performance (INSEP), du Centre de recherche pour l��tude et l�observation des conditions de vie (CREDOC) montrent que les affiliations traditionnelles n�ont jamais �t� aussi fortes. Sur les quelques 14 millions de licences sportives comptabilis�es en France en 2010, on estimait � plus de 10 millions celles concernant les jeunes, qui sont affili�s � plus de 170 000 clubs ou sections de club. A cette m�me date, la F�d�ration fran�aise de football (FFF) comptait 1,94 million de pratiquants de 11 � 30 ans, celle de tennis 514 500, celle de handball (l�une des plus � jeunes � f�d�rations avec 66,5 % de ses pratiquants �g�s de 11 � 30 ans) 272 000. La F�d�ration fran�aise de judo et disciplines associ�es, quant � elle, rassemblait 360 000 jeunes de moins de 12 ans sur 550 000 licenci�s. Il est pour autant �vident que les activit�s physiques et sportives s�organisent �galement de plus en plus en dehors des clubs. L�investissement d�autres lieux de pratique n�est pas un ph�nom�ne totalement nouveau et a �t� analys� dans diff�rents travaux (Salomon et al., 1995, par exemple), mais le processus s�est accentu� depuis les ann�es 1990 et les enqu�tes de l�INSEE et de l�INSEP soulignent que si le nombre des licenci�s des clubs continue � progresser, la croissance des effectifs sportifs est renforc�e par les pratiques non affili�es se r�alisant en dehors des structures traditionnelles.
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L�auto-organisation s�amplifie aujourd�hui en raison de processus sociaux plus globaux tels que l�accentuation des mobilit�s, la segmentation des activit�s et l�individuation de la soci�t�. Ses adeptes entendent se donner toutes les possibilit�s d�une pratique discontinue, voire �pisodique, au jour le jour et dans une relation � autrui qui peut se faire ou se d�faire ; ils revendiquent le respect de la � parcellisation des p�les d�int�r�ts � et un certain � droit � la versalit� � dans le choix des modalit�s de leurs pratiques (Zouari, 1996). Pour autant, le d�sir de pratiquer en dehors des encadrements rigides s�inscrit davantage dans une compl�mentarit� avec l�institution sportive que dans une concurrence avec elle, une partie non n�gligeable de ces sportifs � en libert� � �tant d�ailleurs licenci�e dans les clubs. Ces pratiques ne semblent pas en effet massivement fond�es sur le rejet de la culture sportive traditionnelle, de m�me qu�elles sont loin d��tre contre-culturelles (Augustin, 1999), comme le sugg�re leur efficacit� potentielle dans une perspective d�insertion sociale (Vieille Marchiset, 2010 ; Fodimbi, Chantelat, 2013), m�me si, � ce niveau, le d�bat reste ouvert.
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La diversification des lieux de pratiques sportives et de leur usage est une autre tendance �vidente du d�veloppement du ph�nom�ne sportif aupr�s des jeunes (Augustin, 2002). L�administration des sports propose depuis 2006 un recensement des �quipements sportifs qui identifie aujourd�hui pr�s de 320 000 lieux, dont 56 000 sites de sport de pleine nature, parmi six grands types d��quipements et d�espaces. Ces chiffres t�moignent de la complexification grandissante des modalit�s de la pratique sportive, de m�me qu�ils interpellent les politiques publiques, somm�es d�accompagner cette �volution. Le mouvement sportif s�est construit, depuis les ann�es 1950, autour d��quipements de r�f�rence (piscines, gymnases, terrains de sport, stades) cens�s accompagner la progression du nombre des pratiquants, qui jouent un r�le � part enti�re dans le processus d�affiliation et les sociabilit�s. La cr�ation d�autres espaces sportifs, par les municipalit�s comme par le secteur priv� (city stades [terrains multisports], skate parcs), est venue progressivement compl�ter l�offre d��quipements, en m�me temps que l�appropriation par les sportifs, dans le cadre de leur pratique, d�espaces � ouverts � (urbains, naturels, de loisir et de d�tente) a profond�ment transform� le panorama des usages sportifs. La ville en elle-m�me est aujourd�hui investie par nombre d�activit�s dites � ludosportives � qui rendent visibles les jeunes qui les pratiquent (Adamkiewicz, 1997). Dans ces activit�s moins contraignantes que celles o� l�adh�sion, l�entra�nement et la comp�tition sont au centre du dispositif, la pratique s�impose comme un but en soi, se construit autour de la conscience du groupe d�appartenance et devient un objet de consommation parmi d�autres.
Ouvrir les champs d��tude
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Depuis les ann�es 1960, les �tudes concernant les pratiques sportives des jeunes se sont multipli�es : enqu�tes, sondages, statistiques des f�d�rations et du minist�re, th�ses dans les diverses disciplines des sciences humaines et sociales. Si les analyses en termes de groupes sociaux sont les plus nombreuses et m�ritent toujours d��tre affin�es, les approches abordant les questions de genre, d�ethnicit� ou de territoire compl�tent et complexifient les analyses.
L�environnement social des pratiques sportives des jeunes
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Les �tudes sociologiques dominantes en France concernant le choix des pratiques sportives ont �t� celles li�es aux appartenances sociales (Pociello, 1995). Pourtant ce type d�approche reste utile pour analyser comment, malgr� les processus de massification, les stratifications sociales r�sistent : les enfants de cadres et de professions intellectuelles restent majoritaires dans les pratiques individuelles (tennis, golf, voile, etc.) et dans les principales activit�s de pleine nature, alors que le football ou les sports de combat demeurent l�apanage des milieux populaires (Mignon, Truchot, 2002).
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Les donn�es officielles (en particulier celles de la mission statistique de l�INSEP) soulignent toujours l�importance de l�environnement social dans les pratiques. Pour les deux tiers des adolescents de 12 � 17 ans qui pratiquent un sport en dehors des cours d��ducation physique, l�influence sociale est d�terminante : c�est dans les milieux sociaux les plus favoris�s que les jeunes font le plus de sport et ce ph�nom�ne est particuli�rement marqu� chez les filles. Le niveau de dipl�me des parents est �galement un facteur d�cisif (Muller, 2005), de m�me que le type de fili�re choisi (les �l�ves des formations professionnelles sont moins sportifs que ceux des cursus g�n�raux). Ces donn�es se confirment, enqu�te apr�s enqu�te, et les analyses plus cibl�es qui soulignent la complexit� des �l�ments intervenant dans le choix de la pratique d�un sport en fonction du r�le des institutions, du cadre urbain ou rural ou des effets m�diatiques ne remettent pas fonci�rement en cause ces d�terminations. Les analyses se sont cependant diversifi�es (Duret, Roussel, 2003), avec une attention plus grande aux questions de genre, d�ethnicit� et de territoire.
Genre et ethnicit�
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Les tr�s nombreux travaux actuels portant sur la diff�renciation genr�e de la pratique sportive chez les jeunes, men�s sur le mod�le des gender studies anglo-saxonnes, montrent que le sport demeure un marqueur culturel majeur dans la � fabrique � des gar�ons : le niveau de participation global des filles est encore largement inf�rieur � celui des gar�ons, m�me si l��cart diminue, et surtout elles sont plus nombreuses � d�crocher des activit�s sportives et le font plus t�t que les gar�ons. Parmi les plus originaux de ces travaux, mentionnons par exemple ceux qui analysent l�usage des �quipements sportifs urbains, majoritairement utilis�s par les gar�ons : soit 70 % du temps d�occupation pour les gymnases et terrains de petits jeux, plus encore pour les terrains de grands jeux, et une quasi-exclusivit� masculine pour les skate parcs et autres city stades (Maruejouls, Raibaud, 2012).
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Mais, certains domaines de recherche demeurent encore trop peu investis : si les �tudes des �quipements de spectacle sportif, des grands stades en particulier, ont montr� que ceux-ci mettaient en sc�ne une carte de la ville en r�duction (Bromberger, 1989), elles ne soulignent pas assez que les femmes n�y trouvent pas vraiment leur place, alors m�me que ce type de travaux serait susceptible de montrer les formes contemporaines d�organisation et les interactions internes aux groupes de jeunes, comme dans le cas par exemple des groupes de supporters (Busset et al., 2008). Les recherches concernant la variation de l�affiliation sportive selon l�ethnicit�, elles aussi, demeurent trop marginales. Certes, les statistiques officielles ne prennent pas en compte ce crit�re en France, mais les enqu�tes d�observation participante permettent de souligner le r�le de cet indicateur, et l�on sait par exemple que les skate parcs sont majoritairement investis par des gar�ons blancs quand les citystades le sont plut�t par de jeunes noirs, alors m�me que ces lieux sont vant�s par les animateurs, les responsables et les �lus qui les g�rent pour leur utilit� sociale et leur capacit� � m�langer les publics (Raibaud, 2011).
Variations territoriales
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Les enqu�tes sociologiques, enfin, prennent trop rarement en compte les dimensions territoriales des activit�s sportives, pourtant essentielles pour saisir les logiques locales de d�veloppement des pratiques. Les r�sultats obtenus aujourd�hui � partir des donn�es du minist�re charg� de la jeunesse et des sports pour une centaine de f�d�rations sportives indiquent par exemple l�existence de plusieurs espaces sportifs, fruits d�une combinaison entre des processus spatiaux et sociaux : les �l�ments de l�espace physique ne sont pas �trangers � la constitution d�un sport m�ridional autour des pratiques de pleine nature ; la composante urbaine joue un r�le dans la cr�ation d�un espace sportif sp�cifique puisque les fortes densit�s de populations jeunes permettent l��mergence de disciplines � forte individualisation et haut degr� de technicit� o� diverses cat�gories sociales trouvent un moyen de distinction ; une plus forte ruralit� exprime au contraire un maintien av�r� des sports � ordinaires �. Bref, la force de l�organisation g�ographique du sport institutionnalis� des jeunes concourt � l�existence de cultures sportives locales.
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L�exemple du football, choisi pour son importance d�mographique, permet d�appr�hender l�alchimie complexe de ces combinaisons territoriales (Augustin et al., 2008). Avec pr�s de deux millions de licenci�s, dont plus de 70 % ont moins de 30 ans, et un taux de p�n�tration moyen (rapport entre le nombre de licenci�s et la population de r�f�rence) de 35 licenci�s pour 1 000 habitants, le football est le sport f�d�r� le plus pratiqu� par les jeunes gar�ons, mais son espace est loin d��tre homog�ne. Le d�partement du Nord comptabilise plus de 90 000 footballeurs, le Pas-de-Calais 65 000, quand l�Ari�ge ou la Loz�re comptent moins de 5 000 licences chacun.
De quelques tendances�
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L�histoire des cultures sportives juv�niles est riche d�enseignements et l�on mesure ais�ment que les activit�s sportives se sont progressivement affirm�es dans leur diversit� comme un mode premier de loisir et de culture des jeunes. A la l�gitimit� sportive initiale issue du mouvement olympique se sont progressivement agglom�r�es des formes de l�gitimit�s hygi�niste (Guilbert, Lefebvre, 2001), sociale (Charrier, 2000), �ducative (Acensi, Vieille Marchiset, 2010) ou encore ludique (Lebreton, 2010). Les lieux et les espaces de sport, quant � eux, se sont multipli�s et profond�ment diversifi�s ; rendant la pratique davantage mouvante, ils laissent surtout � chacun la possibilit� d�inscrire ses loisirs sportifs dans un ensemble d�autres pratiques culturelles. La dynamique sportive de ce d�but de xxie si�cle se caract�rise ainsi par l�extr�me diversit� des affinit�s sportives juv�niles, organis�es autour d�une multitude de micror�seaux dot�s de leur propre logique. Dans ce processus, la progression des pratiques autor�gul�es s�inscrit davantage dans une vision compl�mentaire que concurrentielle de celle des organisations sportives.
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Si l�on cherchait � sch�matiser � grands traits l��volution des rapports entre les diff�rentes modalit�s de la pratique sportive juv�nile depuis 1960 (sport de haut niveau regroupant les jeunes athl�tes engag�s dans les comp�titions f�d�rales, sport de masse rassemblant l�immense majorit� des licenci�s des f�d�rations scolaires et ceux engag�s dans les comp�titions de masse, et sport de loisir r�unissant les jeunes qui s�adonnent � un exercice physique dans un but prioritairement hygi�nique ou ludique) avec toutes les limites que l�exercice contient, on pourrait volontiers identifier quatre temps, par tranches de vingt ans (voir figure ci-contre).
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En 1960, la situation des activit�s � caract�re sportif se r�sume � deux ensembles. D�une part, le sport de masse, qui rassemble les licenci�s des f�d�rations et dans lequel les sportifs de haut niveau, majoritairement des jeunes, sont situ�s au sommet de la pyramide, sans qu�il n�y ait v�ritablement s�paration du sport de masse et du sport de haut niveau. D�autre part, le sport de loisir, qui se d�veloppe avec la progression du niveau de vie, du temps libre et des institutions supports. Des institutions comme l�Union des centres de plein air (UCPA), cr��e et soutenue par l�Etat en 1965, et bien d�autres initiatives construites autour des mouvements �ducatifs et sportifs, servent alors d�acc�l�rateur aux pratiques ludosportives des jeunes.
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En 1980, l��volution des comp�titions entra�ne le d�tachement du sport de haut niveau par rapport au sport de masse. La s�lection des sportifs susceptibles de devenir des champions se fait de plus en plus t�t et les sujets sont plac�s dans des sections sports-�tudes, ce qui entra�ne une coupure plus nette avec le sport de masse. Ce dernier continue de cro�tre gr�ce � l�organisation et � l�action des f�d�rations unitaires, scolaires et affinitaires, et aux milliers d��quipements qui ont �t� �difi�s dans le cadre de la planification sur l�ensemble du territoire. Le sport de loisir progresse aussi fortement en b�n�ficiant notamment des am�nagements des secteurs de montagne et de bord de mer. Une part non n�gligeable des pratiquants licenci�s s�investit alors dans des pratiques ludosportives en jouant sur les effets de panachage et de multipratique.
L��volution des pratiques sportives des jeunes
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En 2000, l�augmentation des comp�titions internationales, la g�n�ralisation de la professionnalisation, le march� mondial des joueurs et la course aux records tendent � diff�rencier toujours plus le sport de haut niveau et le sport de masse. La d�tection de futurs champions se renforce � partir de nouveaux dispositifs et leur nombre ne cesse d�augmenter. Le sport de haut niveau s�organise dans des fili�res ind�pendantes et les clubs professionnels tendent � se d�tacher du secteur associatif pour s�organiser sur un mode lib�ral. Le sport de masse, dont les effectifs se stabilisent, voit ses licenci�s diminuer dans certaines disciplines (tennis, athl�tisme), m�me si certains sports collectifs continuent de progresser. C�est le sport de loisir, soutenu par les m�dias, le courant �cologique et l�offre accrue d�appareillages technologiques de grande consommation, qui b�n�ficie le plus des transferts. Les espaces de nature, les villes et l�ensemble du territoire deviennent des supports d�activit�s sportives. Pour les jeunes, on observe une v�ritable mutation des lieux et des temps du sport, mutation port�e par des logiques socio-�conomiques, mais largement induite aussi par une action publique territoriale.
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Et pour 2020 ? Il y a fort � parier que les �volutions rep�rables en 2000 se poursuivront avec notamment une professionnalisation acc�l�r�e des comp�titions dans le sport associatif et professionnel. Mais, c�est surtout au niveau du sport de loisir que les changements vont continuer de s�op�rer. Les loisirs associatifs, en b�n�ficiant des dispositifs de l�Etat et du soutien des collectivit�s locales, peuvent maintenir et d�velopper leur place dans ce secteur. Les loisirs marchands, � l�initiative de multiples op�rateurs priv�s form�s dans les universit�s et utilisant les m�thodes de commercialisation, seront susceptibles de capter de nouvelles client�les jeunes et d�ouvrir de nouveaux march�s en jouant sur la diversification des pratiques urbaines et la professionnalisation, variant encore d�autant les cultures sportives des jeunes.
Bibliographie
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R�sum�
Fran�ais
Les activit�s physiques et sportives ont connu un d�veloppement massif chez les jeunes depuis les ann�es 1960. D�un c�t�, les associations sportives sont de loin celles qui rassemblent le plus grand nombre d�entre eux. D�un autre c�t�, face aux sports institutionnalis�s, de nouvelles pratiques, accompagnant le processus d�individuation de la soci�t�, se d�veloppent en marge des pratiques traditionnelles. Le texte part de l�hypoth�se que les deux types d�activit�s sont compl�mentaires et que l�on n�assiste pas, chez les jeunes, au rejet de la culture associative traditionnelle. Il rappelle d�abord la pluralit� des cultures sportives des jeunes, �voque ensuite des champs d��tude � creuser et souligne enfin les grandes tendances de leur �volution.